Au village de la Ménardière
Que sait-on du village de la Ménardière?
(Page en partie inspirée des ouvrages d'Amblard de Guerry)
Le village
La Ménardière, village de Chavagnes en Paillers, est située sur les bords de la rivière La Petite-Maine en se dirigeant vers St Georges de Montaigu.
Ce vieux village de la commune, n'a pas de particularités, pas de chateaux, pas de grands axes la traversant, plutôt "une demi-route sinueuse" comme on disait autrefois qui suit les méandres de la Petite-Maine; bien connu, à deux pas, le moulin à eau, au lieu-dit la Bleure appartenant à Augustin Rochelet à la fin du 19ème siècle.
1793
La Révolution
Pas de monuments, pas de personnages importants, et pourtant on retiendra deux noms. Celui de François Chauvet, né à la Drolinière et habitant la Ménardière, tailleur de pierre (on peut lire encore son nom à Preuilly sur une pierre de taille de la grange actuelle) il a eu l'idée de graver "1789" au linteau de sa petite fenêtre, bien visible de la route principale. Peut-être ne savait-il pas au moment de la construction de sa maison que cette date serait liée à une révolte qui restera dans les mémoires. Le républicain Chauvet tombera sous les balles le 17 mars 1793.
Pierre Girard, né à la Ménardière, fils de sabotier, tisserand de métier et arpenteur, est aussi dans le bourg de Chavagnes, le "sergent" , c'est à dire l'huissier porteur de notifications officielles. il sera, en 1793, le chef des insurgés de la commune. Il est fusillé dans la même année, Outre-Loire.
La fenêtre de la maison de François Chauvet que l'on peut voir actuellement.
(cliché de Georges de Guerry)
1838
Plan cadastral Napoléonnien. On note en bas à droite le moulin de la bleure, important pour les cultivateurs, mais aussi seul point d'eau propre l'été pour laver le linge.
Deux édifices au village
Septembre 1894
La chapelle
(Textes tirés d'un manuscrit de Louis Rorthais, alors curé de la paroisse de Chavagnes, retrouvé dans le mur, à l'arrière de l'autel de la chapelle lors de sa réfection en 1995)
La bénédiction de la première pierre a été faite en présence d'une assistance nombreuse par Monsieur le curé, l'Abbé Louis Rorthais et le vicaire Armand Batiot. L'oraison était donnée par l'Abbé Marie Piveteau, curé de St St Symphorien qui a , entre autre, contribué généreusement à la construction.
Les travaux ont été zxécutés par Propsper Rabréaud, charpentier, Augustin Piveteau, maçon, Michenaud et ses fils, menuisiers, Arsène Cador, serrurier, Gustave Pairoteau, couvreur, Alfred Hervouet, peintre et Leroy - Routhieau, tous deux forgerons.
Tous les habitants du village ont fait gratuitement les charrois au dépend de leur travail.
26 Mai 1895
Une partie de l'autel surmontée d'une ogive
Le dimanche 26 mai 1895, après la bénédiction qui a été faite à l'issue des vèpres sur la place de l'église, ont été transportés solennellement à la Ménardière escortés par une nombreuse et priante assistance et furent placés sur leur pied d'estale:
- Une belle statue de Notre Dame de Lourdes mesurant 1 mètre 60 portant un riche diadème et une riche auréole. La statue a été déposée à la grotte sur le trône des apparitions.
- Un groupe représentant la Ste Famille de Notre Seigneur.
- Un groupe représentant la Ste famille de St Anne.
- Une statue de la bienheureuse Marguerite Marie.
- Une statue du bienheureux Louis marie Grignon de Monfort.
Une des 14 stations qui composent
le chemin de croix autour de la chapelle.
Une bénédiction particulière a été demandée pour tous ceux quui ont contribué à lui élever ce petit sanctuaire et dont les noms suivent:
Le village de la Ménardière
Jean Herbreteau et sa famille, Veuve Blanchard et sa famille, Jean Baudry et sa famille, Brodu Remaud et leur famille, Fièvre Grandet et leur famille, Gameau et sa famille;
Epaulais Brachet et leur famille, Mandin et sa famille, Pedeau et sa famille, Henri Bossis et sa famille, Moreau et sa famille.
Du village de la Ménardière
Abbé Marie Piveteau, Monsieur le comte de Suzannet et sa famille, Marie Thibaud veuve Robin, Jean Epaulais et sa famille, Veuve Landrieau, Monsieur Charuel et sa famille, Jacques Moreau, Veuve Boisson, François Charrier, Veuve Pouponneau.
Augustin Giraud, Louis Brodu et sa famille, Prosper Rabréaud et sa famille, Rose Godard Caillé, Henriette Champain, Marie Seguin, Marie Bonneville Femme Charrier.
1915
La croix
Cette croix de granit est localisée à l'entrée du village face à la chapelle. C'est un calvaire Mémorial érigé en 1915.
(Extrait du bulletin paroissial du curé H. Crouzat de octobre 1915
relatant la bénédiction de la croix).
"Le 26 septembre , le jour où nos chers soldats s'efforçaient de chasser l'ennemi de notre pays, la paroisse se proposait d'assister un grand nombre à la bénédiction d'une croix au village de la Ménardière. Aussi chacun se proposait de se rendre en procession vers le nouveau monument religieux; du reste de décorations avaient été préparées sur le site même".
"A partir de midi, une pluie diluvienne vint empêcher tout le décor extérieur de la fête, et ce fut devant une assemblée très réduite que l' Abbé Hervé, vicaire de Saintes et mobilisé à Nantes dans la section des secrétaires, dut procéder à la célébration, l'assistance qui s'était réfugiée dans la chapelle en face, a pu entendre le prédicateur de cette journée.
La bénédiction de la statue de la vierge qui repose dans la niche de la base de la croix a été remise à l'un des dimanches d'octobre"
1926
Le Christ
(Extrait du bulletin paroissial de novembre 1926 du Chanoine Crouzat relatant la bénédiction d'un christ destiné à la croix de granit édifiée quelques années auparavant)
"Le dimanche 19 septembre avait lieu à la Ménardière la bénédiction du christ tant attendu. Sous la poussée pleine de zèle et d'industrie d'Amélie Piveteau, les cotisations et les bonnes volontés s'unirent pour procurer à cette croix son principal joyau, un christ. Tous les habitans du village ont réuni leurs efforts pour préparer les décorations. Donnons à Gilles Arnaud le bon point que mérite le patient et long labeur qu'il apporta à la confection des guirlandes".
"La procession est partie de l'église paroissiale, le Christ étant sur un brancard orné de décorations rouges et guirlandes blanches. Sur deux coussins étaient posés les clous et le titre de la croix. Contrairement à la bénédiction de la croix , il faisait une grande chaleur en la soirée de ce dimanche. Cette marche à traversé les tènements et bois de l'Huctières de Chasserat, de la Prévoisière, du Chiron avant d'arriver à la Ménardière. Le temps nécessaire pour le montage du Christ, fut occupé par le chant de cantique en l'honneur de la croix. L'allocution d'usage fut ensuite prononcée..."
NB: On ne connait pas l'origine de cette construction, en octobre 2011, elle appartient à la famille Coutaud du proche voisinage.
La vie au quotidien, années 1900
(notes d'Henry Baudry, tisserand)
- Je suis né à la Ménardière, ma mère à la Marquerie de St Georges. J'ai vécu jusqu'en 1935. La misère de certains semblaient liée à la condition humaine. Il y avait des cultivateurs avec deux ou trois vaches qu'ils gardaient jusqu'à ce qu'elles ne puissent plus tirer la charrue. Quand elles en étaient là, il fallait les vendre un petit prix , et en acheter d'autres beaucoup plus cher pour les remplacer. La terre mal labourée et mal fumée donnait de piètres récoltes. Les domestiques, surtout agricoles, mal nourris et mal logés, recevaient de très petits salaires; ma soeur, qui s'était placée dans une ferme en 1913 ne gagnait pas 1 franc par jour, puisqu'elle gagnait 300 francs par an.
- Au village, les femmes allaient laver l'hiver au lavoir, à côté du pont sur le ruisseau, puis au "doué nu", et l'été face à la bleure où la rivière étant plus profonde, l'eau restait assez belle.
- Pour ce qui concerne les habitations, bien rares étaient les constructions neuves, j'en ai vu peu se faire dans mon enfance jusqu'à la guerre de 1914, et même jusqu'à la loi Loucheur. La plupart de celles que j'ai vu consistaient en 4 murs formant une seule pièce où on pouvait mettre trois lits, une armoire, une commode entre la porte et la fenêtre, la table au milieu, d'un côté la cheminée et le potager (sorte de pacard dans lequel, à hauteur d'un étage en dessous , on pouvait mettre des plats à chauffer sur la braise.
(Aux alentours des années 1900)
Vers les Charentes
La population de Chavagnes décimée surtout par les évènements de 1793, va voir un accroissement rapide au milieu du 19ème siècle (de 2018 en 1831, ce qui était à peu près le chiffre de 1789, elle passe à 3067 en 1881). Pourtant vers 1880, commence l'émigration vers les Charentes, dont le vignoble a été en grande partie détruit par le phylloxéra (1870), ce qui est le fait de petits cultivateurs. Chaque année des familles entières partent; une année une trentaine de personnes auraient quitté La Ménardière.
1911:Recensement du village
A cette époque on pouvait compter 93 personnes résidant à la Ménardière. 28 maisons et 28 ménages.
9 cultivateurs en occupaient la plus grande place. 2 tisserands , 1 menuisier et 1 marchand. Egalement 7 journaliers 1 jardinier 1 domestique et 5 sans profession.
Guerre 1914-1918
Sept soldats du village ont trouvé la mort durant cette guerre.
- Elie Baudry, infanterie coloniale de brest, novembre 1918. Lyon.
- Elie-Marie Baudry, 3ème colonial, 22 août 1914. belgique.
- Théophile Baudry, 26 septembre 1915. Champagne.
- Pierre Chauvière, 51ème artillerie, janvier 1915. Nantes.
- Ferdinand Couteau, 83ème territorial, 1916, Woëvre.
- Auguste Epaulais, 32ème infanterie, 25 septembre 1914. Babonne, Marne.
- Gabriel Rautureau, 33ème colonial, 16 avril 1917.
à suivre...