Avec le temps...

Maurice Courant

Maurice Courant

 

Poèmes extraits du recueil intitulé "A l'âme de la Vendée", 1993

 

TOUT, ICI,

Respirait dans le flot de la lumière blonde
D'un printemps rayonnant d'éternelle douceur,
Quand un souffle, venu comme d'un autre monde,
S'engouffra brusquement dans la forêt profonde
Des âmes qui vivaient au rythme de leur coeur,
Et, comme un sombre vent vient de la mer qui gronde,
S'empara d'un Pays dont toute la ferveur
Intérieure autant que de splendeur féconde
Suscitait tellement de mortelle fureur
Qu'il s'en prit à cela dans l'âme qui la fonde,
Pour la précipiter, comme en son gouffre l'onde,
Et sans qu'il n'en retarde rien d'une seconde,
Dans les abîmes du malheur !

 

 

C'EST ALORS...

C'est alors qu'il advint que ce pays sans âge
Fut traversé des feux d'un si funeste orage
Que la chaleur du jour dans l'ombre s'y perdit ; -
Et l'on n'entendit plus que le grand vent sauvage
Qui passa sur le font blessé du paysage
Et transperça si fort son Ame en grand voyage
Que la mort du Soleil en elle resplendit !

 

 

 

ARBRES DE MON PAYS...

 Arbres de mon Pays, redites-moi mon Ame,
Redites-moi le feu brûlant de ce désir
Qui la fit basculer en un si brusque drame
Et si terriblement profond comme une lame,
Que, pour mieux en sauver l'irrécusable flamme,
Elle-même faillit, sur terre, d'en mourir !

 

 

GRANDS ARBRES !

 Beauté des Arbres fous d'éternité, verdure
Qui frissonnez au vent de ce Pays profond ! -
Je vous prends dans mes bras mortels de créature
Et vous enlace tant, par toute la nature,
Et d'une telle force inexprimable et pure,
Grands Arbres, lorsqu'au gré des jeux d'une envergure
Insaisissable en l'air de flamme et de ramure,
Vient se répandre en moi par votre architecture
En un déferlement d'ivresse sans mesure
L'immensité d'un ciel qui dans mon coeur perdure, -
Que mon âme en la vôtre infiniment se fond !

 

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Extrait de Mors et Vita, 2002

 

Gois

 

Balises dans le soir tombant
A l'infini du paysage
Et l'Ile au loin que le passage
Relie au sombre continent
Par le flot vaste qui s'engouffre
Dans le goulet étroit et fort
De contenir entre ses bords
Si folle eau vive, - comme alors
S'engouffre encor l'âme qui souffre
Entre les rives de la mort !



22/11/2010
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